L’authentification forte (ou « authentification à deux facteurs ») est aujourd’hui exigée par les banques en France pour sécuriser les opérations sensibles (achats en ligne, virements, etc.), conformément à la directive européenne DSP2 (Directive sur les Services de Paiement 2). Pour les personnes non voyantes ou malvoyantes, cela peut poser des difficultés si les interfaces ne sont pas accessibles.
Accessibilité des applications bancaires : que dit la loi ?
En France, l’accessibilité numérique est une obligation légale pour les services publics, et une obligation progressive pour le secteur privé, y compris les banques, notamment en vertu de la loi n° 2005-102 sur le handicap et du RGAA (Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité).
Depuis 2021, les grandes entreprises du secteur privé — dont les banques — sont également soumises à l’obligation de rendre leurs services numériques accessibles, en particulier les applications mobiles utilisées pour les authentifications fortes.
Directive DSP2 et accessibilité
La directive DSP2 impose l’usage de l’authentification forte, mais ne précise pas les modalités techniques. Cela laisse donc aux banques le choix des outils (SMS, appli mobile, boîtier, etc.). Toutefois, ces moyens doivent être accessibles à tous les clients, sans discrimination.
Si une méthode (comme une application non compatible avec VoiceOver ou TalkBack) empêche un client aveugle d’accéder à son compte, cela peut être considéré comme une discrimination indirecte.
Quelles options pour les clients non voyants ?
Applications compatibles avec les lecteurs d’écran
Certaines banques en France ont fait des efforts notables d’accessibilité. Des applications comme :
- L’application mobile de La Banque Postale
- Caisse d’Épargne (Banxo)
- Crédit Agricole
- Société Générale
sont en général compatibles avec VoiceOver (iOS) et TalkBack (Android). Cela signifie que l’interface peut être lue par une synthèse vocale, y compris pour valider une authentification forte.
Conseil : Toujours utiliser la dernière version de l’application et activer le lecteur d’écran de votre téléphone. Les mises à jour corrigent souvent des problèmes d’accessibilité.
Alternatives sans smartphone
Pour les personnes ne pouvant pas utiliser une appli mobile, les banques doivent proposer une alternative équivalente :
- Boîtier de sécurité physique (token) : un petit appareil qui génère des codes d’authentification, parfois avec retour vocal.
- Authentification par téléphone fixe (code vocalisé)
- Authentification par SMS (attention : ce système est progressivement abandonné car moins sécurisé, mais certaines banques le maintiennent sur demande)
Important : si vous êtes concerné, demandez à votre conseiller les alternatives disponibles et faites valoir vos droits en tant que personne en situation de handicap.
Quels sont vos droits si l’application n’est pas accessible ?
Vous avez le droit :
- D’accéder à vos services bancaires de manière autonome
- De demander une solution accessible
- De faire un signalement à la banque, voire à la CNIL ou au Défenseur des droits en cas de refus ou de blocage d’accès injustifié
Vous pouvez :
- Envoyer un courrier recommandé à votre banque avec vos difficultés d’accessibilité
- Contacter une association comme Voir Ensemble ou CFPSAA, qui peut vous assister
- Porter plainte auprès du Défenseur des droits si la situation ne se débloque pas
En résumé
Élément | Obligation | Solutions disponibles |
---|---|---|
Accessibilité de l’appli bancaire | Oui, pour les grandes entreprises (dont banques) | VoiceOver, TalkBack, design accessible |
Alternative à l’authentification mobile | Oui, exigible si l’appli n’est pas utilisable | SMS, boîtier vocal, appel téléphonique |
En cas de refus ou blocage | Recours possible | Réclamation, CNIL, Défenseur des droits |
Conseils pratiques pour les personnes non voyantes
- Testez l’application avec votre lecteur d’écran avant de faire une opération critique.
- Signalez tout bug ou élément inaccessible à votre banque (elles sont légalement tenues d’en tenir compte).
- Conservez une méthode de secours (par exemple un boîtier ou un autre appareil) si vous changez de téléphone.
- Rapprochez-vous d’associations spécialisées, qui connaissent bien les recours et les solutions alternatives proposées par chaque banque.